L’inventeur de l’ostéopathie, Mr. Andrew Taylor Still, voyant que toutes les pathologies découlaient d’une malposition osseuse, combina « ostéon » avec « pathie » et obtint : OSTÉOPATHIE.

Ce baptême, n’est pas sans nous poser quelques problèmes et entretient une certaine confusion. En fait, l’ostéopathie n’est pas une maladie de l’os, mais un Art de guérir, une médecine à part entière, une médecine aux mains nues qui fit son apparition aux États-Unis à la fin du 19ème siècle. Cette médecine s’adresse aux causes et ne s’intéresse que peu aux symptômes des maladies.

Monsieur Still se fit cette réflexion : « Dieu est si avisé qu’il a certainement placé le remède dans la maison où l’esprit demeure ». Cette idée est à la base de toute sa recherche fondée, en d’autres termes, sur la bonne organisation de la nature. Son intuition lui dit que le corps possède en lui-même tout ce qu’il lui faut pour bien fonctionner.

Il étudie en détail le squelette, mais surtout les voies de communications que sont les voies sanguines, les voies lymphatiques, les voies nerveuses, les fascias, le tissu con-jonctif et il découvre comment toutes ces structures entrent en relation les unes avec les autres. Il voit le lien, la continuité entre tous ces éléments et désormais, il comprend comment la maladie peut survenir.

À main nue, il commence à sauver des gens des maladies souvent mortelles de l’époque : fortes fièvres, diphtérie, pneumonie, oreillon, etc. On le prend pour un faiseur de miracles et on vient le voir de loin. Il est calomnié par les prêtres et par les médecins. « Désormais, dit-il, je suivrai la dictature de la nature et je jette les médicaments aux chiens ». L’idée qu’une malposition osseuse puisse agir sur le fonctionnement des organes et des viscères était révolutionnaire ! Et malgré une évidence apparente, elle est toujours contestée fortement aujourd’hui par le corps médical.

M. Still, après trente ans de pratique quotidienne, établit les trois grands principes de l’ostéopathie:

1. Le principe d’auto guérison : c’est-à-dire que le corps possède en lui-même le moyen de s’autoréguler et de s’auto défendre, grâce aux voies de communications, sanguines et nerveuses.
2. La fonction dépend de la qualité de la structure : qui dit structure lésée, dit fonction perturbée ; c’est-à-dire si les voies de communications sont obstruées ou rétrécies, il y a manque de régulation. Ceci entraîne un dysfonctionnement et la maladie peut apparaître.
3. Le principe de l’unité du corps : tout l’organisme est en continuité et toute modification de la structure peut se répercuter sur la fonction, non seulement localement mais aussi à distance.

Pour les ostéopathes, le corps ne se limite pas à la carcasse. La carcasse est secouée de rire, mouillée de larmes, elle frissonne de peur. Le corps des ostéopathes comprend la carcasse émue, agissante et pensante. Pour lui, le corps est une unité biologique. Il envisage l’homme dans sa globalité. Il s’agit donc d’une médecine holistique, médecine de l’individu dont le tout est plus que la somme des parties.

Pour soigner, l’ostéopathe va se mettre à la recherche de ce que nous appelons : La lésion ostéopathique. Au début, elle n’est palpable que par son non-mouvement. Car la vie est : Mouvement, mobilité. La lésion ostéopathique affecte toujours le mouvement avant de faire mal ou de gêner les organes.

Nous recherchons des restrictions de mobilité, non seulement du point de vue articulaire (périphérie ou colonne vertébrale) mais surtout sur le plan facial, tissulaire et organique. Notre palpation est éduquée à ressentir une restriction de mobilité au niveau du diaphragme par exemple, d’un foie, d’un estomac, d’un utérus, d’une prostate et d’un ovaire. Nous palpons également des restrictions de mobilité au niveau des os du crâne ou alors une modification de leur axe de mouvement.

Une lésion crânienne peut affecter l’irrigation du cerveau, la fluctuation du liquide céphalo-rachidien et principalement le travail de l’hypophyse et de l’hypothalamus qui sont les chefs d’orchestre de tout notre système neurovégétatif, entraînant ainsi des désordres touchant à toutes les grandes fonctions vitales.

Donc, quel que soit le point de départ de la lésion ostéopathique, la lésion s’exprime dans tous les domaines de la vie. De proche en proche, les organes sont emportés dans la lésion par des altérations en chaîne des vaisseaux nourriciers et des liaisons nerveuses.
Tous les systèmes communiquent entre eux (syst.cardio-vasculaire, syst.digestif, syst. hormonal, syst. immunitaire) grâce à des phénomènes de navette et de biofeedback, pour maintenir les principes d’auto-défense et d’autorégulation. Toute entrave à ce « va et vient », toute atteinte à ces voies de communication affaiblissent l’individu et l’entraîne petit à petit de l’inconfort vers la maladie chronique.

L’ostéopathe, en supprimant ces barrages, laisse le corps puiser ses remèdes en lui-même. C’est en ce sens que l’ostéopathie se place au premier plan, dans le domaine de la prévention car nous pouvons détecter un trouble fonctionnel avant même l’apparition des premiers symptômes cliniques. Nous verrons que la meilleure prévention est la surveillance de la femme enceinte et l’examen du nouveau-né.

C’est au niveau du crâne que s’initie le MRP (mouvement respiratoire primaire) ou en anglais CRI (cranial rythmic impulse). Qu’est-ce que le mouvement crânien ? C’est un mouvement autonome, rythmique, une respiration en deux temps comme la cage thoracique mais à un rythme qui lui est propre. C’est d’elle que dépend le bon fonctionnement de l’individu; c’est à elle aussi qu’on peut remonter comme à une source de santé ou comme à une cause de nombreuses maladies. Ce rythme connu des ostéopathes est actuellement reconnu par les homéopathes, les acupuncteurs et, fort heureusement par les orthodontistes. Dans ce domaine aussi, on constate l’importance de la correction ostéopathique du crâne avant la pose d’un appareil.

Les lésions crâniennes, à bas bruit, concoctent en grand secret des maladies chroniques d’origine « mystérieuse » ou alors peuvent être à l’origine de la trop fameuse scoliose, d’un strabisme, d’une myopie, de sinusites chroniques, d’otites à répétition ; elles peuvent également expliquer : l’insomnie, les migraines, les vertiges, les allergies, la soi- disant stérilité chez la femme qui répond si bien au traitement, les troubles de la concentration et du comportement chez l’enfant et la diminution du pouvoir d’adaptation au stress en général.

Donc n’importe quelle chute sur les fesses ou sur le coccyx peut engendrer une restriction du mouvement crânien et provoquer des conséquences directes et locales sur les organes du bas ventre contenus dans le petit bassin (organes génitaux) engendrant ainsi des symptômes, tels que : règles douloureuses, aménorrhée, fausse stérilité, incontinence urinaire et parfois même, une dépression nerveuse. Quand ce mouvement est libre, ample et régulier, il signe à coup sûr la vitalité et la bonne santé tant chez le bébé que chez le vieillard. Le premier grand traumatisme du MRP est, bien-sûr, la naissance. Parfois aussi, les positions intra-utérines du fœtus sont à incriminer.

L’action du travail (l’accouchement) sur la tête du bébé est à deux faces :
– Modelante et stimulante si tout se passe bien et
– Dangereuse si les violences s’additionnent

Des études ont prouvé qu’à la naissance seulement 12% des nouveau-nés ont un crâne libre et 82% ont une lésion ostéopathique et pas de symptômes. Ils n’apparaîtront que plus tard. Chez les enfants hyperactifs, 95,5% ont une lésion et pourraient être traités. Pour nous, tous les nouveau-nés devraient être examinés dès leur premier jour ; il ne s’agit pas de surmédicaliser l’enfant, au contraire, en ayant dynamisé son propre potentiel, il se débrouillera beaucoup mieux sans la médecine et ses wagons d’antibiotiques ou de calmants.

En d’autres termes, le credo de l’ostéopathe est basé sur des principes d’autodéfense et d’autoguérison. L’ostéopathie est une médecine préventive, douce, économique, rapide et sans effets secondaires.